le cœur tambourine au vent
Ça y est ! J'ai perdu le mémo, la mém, la mé, il me semble bien que j'ai perdu quelque chose !
Mais quoi ?
...
Où suis-je ? Damned ! Je suis tombée au beau milieu d'une page toute blanche et j'ai mal à la racine des cheveux. Mes doigts se crispent. Le stylo tourne entre mes doigts. Je me gratte la tête. J'ai beau regarder de tous les côtés ! Tout est blanc, pur, vierge ! Vertige ! No woman's land. Je suis seule, toute seule et dans un silence total, irréel, terrible. Angoisse ! Me ressaisir. Est-ce un rêve ou un cauchemar ?
Où sont passés les gens, les autres ? Où êtes-vous donc passés ?
Et très vite, le manque ! Un manque terrible ! Il faut quelque chose, un décor, de la matière, un arbre par exemple, un châtaignier pourquoi pas ? Il me faut un chemin pour ne pas m'égarer, un chemin de conte peut-être. Il me faut de la couleur, un arbre d'un vert tendre, un sentier gris ou roux, un ciel hâlé par l'aurore ou noirci par mon encre. Il me faut une présence, un brigand, un loup, un écureuil ou une fée, un puceron ou une belette. Il me faut une atmosphère, une forêt touffue, une clairière ensoleillée, une futaie mystérieuse, une cabane inconnue. Il me faut une intrigue, il me faut une forme et des précisions, il me faut une foi et un élan, il me faut un rire peut-être ou une chanson, un personnage secondaire, une galette, et...
Extrait d'un texte encore inédit de Valérie Tröndle, dont nous publions >>> Au nom du Père
Le cœur tambourine au vent, lavis-pastel de Myra Coppey (jeux dans la nuit 2)