Comment vivre avec ses contradictions ?
Question éminemment politique, qui se pose non seulement à la société, aux sociétés, mais à chacun en tant qu'il en occupe une place.
Véronique Peres, participante des Premières rencontres nationales sur la contradiction, qui se sont déroulées en mars dernier à Saint-Etienne, a répondu par une proposition artistique.
Elle a fait appel au carré d'Apulée, histoire sans doute de mettre de la logique dans tout ça. Apulée pourtant s'est fait connaître surtout par son imagination débordante, mais peut-être est-ce aussi cette apparente contradiction qui a intéressé l'artiste énigmatique qu'est V. Peres.
Revenons ici et maintenant. Figurons-nous le monde comme un carré — ou un tapis de jeu — (est-ce à cela que nous l'avons réduit ?), il y a de bonnes places à occuper, et de moins bonnes. En vérité il faut bien qu'elles s'excluent, ou qu'elles cohabitent. C'est ce qu'on voit tous les jours.
Si on le voit d'assez haut, cela ressemble à ces jeux de pousse-pousse où chacun ne peut occuper qu'une place disponible, quitte à pousser quelqu'un à l'eau pour avoir plus d'aisance dans ses mouvements.
Si on le voit d'assez loin cela ressemble à un carré mathématique ou à une peinture abstraite. Il suffit justement de pouvoir s'abstraire suffisamment.
Pourtant c'est à ce prix — le passage par l'abstraction — que nous pouvons revenir à la figuration, pas seulement en peinture mais sur la scène, et tenir un rôle d'acteur dans ce monde qui est le nôtre et non plus celui des Dieux (dont déjà se jouait Apulée), un monde aux facettes mobiles, qui a besoin de toutes nos ressources de pensée, de logique et d'imagination pour tenir ensemble ses contradictions.
Voir l'ensemble de la proposition de V.Peres ainsi que les nombreuses et riches contributions à ces rencontres : suivez-ce-lien